dimanche 8 novembre 2009

Article de dictionnaire bordée

Bonjour ! Je place sur mon blog un aperçu de ce que donne mon article de dictionnaire sur bordée. Évidemment, la mise en page ne correspond pas à celle de mon article final, mais l'essentiel y est !

BORDÉE [bORdé] n. f.
1. Chute de neige abondante qui tombe en une seule fois. Bordée de neige. À la première bordée, une grosse bordée, une grande bordée. Vieilli Bordée de la mi-carême, bordée de la Sainte-Catherine, bordée de Saint-Joseph, bordée des Avents : chute de neige qui se produit pendant ces fêtes annuelles. Vieilli Bordée de sucre (ou des sucres) : neige épaisse et mouilleuse qui tombe pendant la saison des sucres alors que la température printanière favorise la coulée des érables. Vieilli Bordée des corneilles : dernière chute de neige ou dernière tempête de l’hiver, à la mi-mars, alors que les corneilles sont déjà revenues. Remarques. 1. Bordée est peu usité chez les jeunes. 2. Ce mot peut aussi avoir le sens de tempête de neige.

Je veux bien que mes élèves disent poudrerie pour désigner une tempête de neige; ou bordée de neige, bien que bordée soit un terme de marine; […]. 1960, J.-P. Desbiens, Les insolences du Frère Untel, p. 31.

Alors qu'il venait de tomber une bonne bordée et qu'on en annonçait une autre pour le lendemain, elle pelletait comme si son avenir en dépendait. 1993, L.-G. Lemieux, Le Soleil, 10 mars, tel que cité dans Un amour de ville: une chronique de Québec, 1994, p. 33.

Mon oncle racontait que chaque bordée de neige était suivie par le passage du rouleau. Nous, on n'y comprenait rien, un rouleau, on en avait bien vu en ville lorsque l'on réparait l'asphalte des rues. 2000, P. E. Jean, En face de la boulangerie: une enfance heureuse à Québec dans les années quarante, p. 22.

« On voit un système météo qui devrait nous apporter un peu de neige, vendredi », prédit André Cantin, qui ne s'attend toutefois pas à une grosse bordée, « cinq à dix centimètres » tout au plus. 2007, C. Jobin-Gagnon, Le Journal de Québec, 31 janvier, p. 8.

Dame Nature réserve tout un cocktail aux amoureux pour la Saint-Valentin, une bordée de neige de près de 30 cm. Avec cette tempête, plusieurs choisiront probablement de laisser tomber le restaurant et de passer la soirée sous les couvertures. 2007, Le Journal de Québec, 14 février, p. 8.

◊ (Par anal.). Bordée d’hiver. ◊ (Par ext.). Bordée de froid. ◊ (Par métaph.). Cracher une bordée de neige. « Un midi, donc, Onésime-Isaac Gélinas ressoud chez le forgeron. [...] La radio crachait une bordée de neige. » (F. Pellerin, Dans mon village, il y a belle Lurette... Contes de village, 2001, p. 27-28).

2. Loc. fig. Vieilli Une bordée de : grande quantité de (paroles agressives, etc.). Bordée d’injures, de menaces, de jurons, de sacres, de bêtises. Lâcher sa bordée, une bordée. Remarque. Par analogie avec la décharge simultanée de tous les canons du même bord d’un navire.

Elle lui avait lancé une bordée d'injures et de menaces. 1918, A. Laberge, La Scouine, p. 8-9.

Il se mit à composer les numéros obtenus. Mais après une quatrième bordée d'injures, il s'arrêta, perplexe. 1989, Y. Beauchemin, Juliette Pomerleau, p. 22.

Fig. Bordée de sons.

■ HIST. 1. Du mot bord, d’origine germanique (1546, v. FEW 1968, bord, p. 181). Dans le vocabulaire maritime, bordée désigne la distance parcourue par un navire qui louvoie entre deux changements de cap. Courir une bordée, la bordée. 2. La locution une bordée d’injures est attestée en français de France avant 1755 (v. TLFI, FEW et Trévoux 1743-1771). L’expression tirer une bordée (« aller de cabaret en cabaret pour y avoir du plaisir ») est recensée en 1833 (v. TLFI et PRobert 2009). Le mot bordée est attesté dans le parler de la Saintonge dans le sens de « grande quantité » (bordée de grêle, bordée de pluie) (v. FEW, GDT et GPFC, p. 134). Bordée au sens d’« une quantité de travail faite en une seule fois » est aussi attesté dans les dialectes du Berry et du Nivernais (GPFC).

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